Entretien Exploratoire J1 - krichtof/chez-wam GitHub Wiki

Entretien avec K., qui coache des artistes

On lance K avec une question peut-être un peu fermée: y a-t-il des artistes dont le statut les rend hors de portée pour l'option spectacle à domicile? (Ce qui suit est un verbatim de ses propos pour l'essentiel, sauf quelques remarques entre parenthèses.)

Pas sûr... Même Johnny peut faire ça!

En ce moment tout change, notamment dans la diffusion, par exemple par le crowdfunding: prod de disques, de tournées.

Un peu comme les producteurs de fruits: l'objectif serait "directement du producteur au consommateur", les concerts en apart' se développent, dans les jardins...

Ajd la seule façon de le faire c'est le guichet unique (GUSO) et les gens ne savent pas comment ça marche.

Bcp de gens se disent que c'est pas possible (en tant que particuliers), qu'ils n'ont pas les moyens, la difficulté administrative, et pour les artistes c'est pas forcément évident

Le secteur est sursaturé pour les artistes, mais c'est pas forcément facile à faire pour les artistes, c'est un truc nouveau.

Les salles versus son salon - dans les salles le confort n'est pas forcément au rendez-vous! Mais est-ce que tous les artistes peuvent faire ça, c'est une certaine promiscuité... Ca peut plus correspondre à certains types de musique: selon la qualité d'écoute, l'attention aux paroles vs musique...

Exemple d'une artiste que je connais qui fait des concerts off, et aussi en apart.

Il n'y a pas vraiment de problème technique ou logistique, plutôt un problème culturel, on en a pas l'habitude, même si on sait qu'on peut prendre un clown pour l'anniversaire des enfants.

(L: hypothèse que le spectacle "chez soi" est déclassant?)

Il y a encore quelques années jouer dans le métro c'était la dèche, alors que maintenant c'est plus "classe" avec le label RATP (L: il y a une logique d'investir de nouveaux lieux)

C'est hyper saturé sur les lieux classiques. Autres exemples sur des lieux inattendus, SMAC, hopitaux, prisons...

Y'a plusieurs types de salles, faut pas tout mettre dans le même sac: le subventionné vs le privé. Mais tous alignés sur une logique commerciale: faut vendre de la bière, la billetterie n'est plus le focus.

(L: ça aussi on peut le faire chez wam, un fût + un artiste?)

300 places dont 120 vendues à 8€, on ne couvre pas les coûts plateaux.

Pour un festival, le budget doit être équilibré avant de vendre un billet.

La vente des CD en apart ça marche mieux aussi, c'est comme quand tu achètes un melon sur le côté de la route.

C'est aussi une autre relation, tu peux demander ta chanson préférée...

Prolifération des groupes: démocratisation de l'enseignement musical, de l'accès aux instruments, Internet qui permet de se mettre en avant, gros développement de la scène électro - en plus ça intéresse les tourneurs, c'est moins cher.

Les salles c'est un réseau avec une sorte de consanguinité, une sorte d'oligarchie des propriétaires de salles, dont les goûts ne sont pas assurés, trop timorés pour afficher des partis pris, ce qui a pu freiner un groupe comme Fauve.

(L: positionnement d'un "réseau d'appart"?)

La scène est très Parisienne, c'est 150 personnes qui décident si tu peux rencontrer ou pas ton public. L'aspect presse est important aussi, c'est un peu les mêmes personnes.

Il faut aussi parler argent: on s'imagine pas qu'on peut avoir un musicien pour 150€ déclaré plus transport et logement...

La répartition des ventes sur une salle, ça peut être très variable. Il y a bcp de lieux ou les artistes ne sont pas payés... en fait tout le monde est payé sauf les artistes (L: en mode "you should be happy for the exposure").

Signer avec un tourneur permet d'accéder au statut d'intermittent, il y en a pas mal qui marchent là dedans pour ça, mais on est payé au minimum syndical.

L'intermittence est une subvention déguisée... j'y étais pendant 10 ans, j'étais ravi d'arrêter : il y a le côté aléatoire, les soucis quand il te manque un justificatif... C'est paradoxal, c'est un statut ou le fait de t'inscrire au chômage te confère un statut professionnel. Mais ça incite à niveler les rémunérations vers le bas.

Bon, on va pas trouver un commerçant qui dit "tout va bien" quand on lui demande... Mais il y a aussi les salles financées par des collectivités, là c'est plus valoriser le bilan qu'on livre à la mairie... et on peut "enfumer" les majorités qui se succèdent, pas de continuité dans le suivi du projet.

Le vrai problème c'est "pourquoi il y a 150 personnes à Paris qui décident si tu vas rencontrer ton public", alors qu'il y a un vrai besoin de musique... pas seulement sur Internet mais aussi en live.