Comme le lit majeur représente le territoire inondé en cas de crues importantes, il est essentiel de le délimiter précisément. Cette délimitation permet ensuite d’étudier l’occupation du sol à l’intérieur du lit majeur et établir des indices pour sa caractérisation. La délimitation du lit majeur a été accomplie par l’interprétation de données dérivées du lidar. Comme mentionné par Montané et al. (2014), l’utilisation d’un modèle numérique de terrain (MNT) combiné avec un modèle numérique de pente (MNP) est la méthode la plus efficace pour délimiter le lit majeur. Pour identifier ce lit, quatre étapes ont été suivies : (1) La Préparation du MNT; (2) la préparation du MNP ; (3) La superposition des modèles et délimitation du lit majeur; et finalement (4) Validation et ajustement de la limite du lit majeur.

1.1.1 La préparation du MNT. Pour identifier le lit majeur à partir du MNT, la symbologie de ce dernier a été modifiée pour rendre les différences d’élévation plus explicites. Pour ce faire, nous avons utilisé le système d’information géographique (SIG) QGIS. Avec ce SIG, nous avons pu modifier la symbologie du MNT pour afficher les différentes élévations selon une palette de couleur aléatoire. De plus, des classes symboliques pour chaque changement d’élévation de 0,5m ont été créées comme proposé par Montané et al. (2014). Cette combinaison permet une simulation de courbes de niveaux permettant une identification rapide des changements d’élévation sur le MNT. Le rôle de la palette de couleur aléatoire et discrète est de permettre à l’interprète d’identifier les différentes unités géomorphologiques. En effet, cette symbologie met l’accent sur les unités similaires qui auront une couleur aléatoire contrastante avec les autres unités à proximité.

1.1.2 La préparation du MNP. Comme pour la préparation du MNT, la préparation du MNP a pour but de modifier sa symbologie et le rendre plus explicite. Pour ce faire, la symbologie a été modifiée pour représenter uniquement les pentes supérieures à 11% comme proposé par Montané et al. (2014). Cette représentation graphique permet de mieux identifier les berges de la rivière ainsi que les ruptures de pente qui caractérisent les limites du lit majeur.

1.1.3 La superposition des modèles et délimitation du lit majeur. Une fois les modèles prêts, ils ont été superposés dans le SIG. Le MNP a été placé en arrière-plan et le MNT en premier plan avec une transparence de 50%. Ensuite, le lit majeur a été vectorisé sous forme polygonale en suivant la symbologie des deux couches. Comme l’élévation du territoire varie au fil de la rivière, la vectorisation a été exécutée sur des sections ayant des élévations similaires. L’exécution par section est essentielle pour bénéficier de la discrimination des unités géomorphologiques basée sur la symbologie du MNT. Pour la vectorisation de chaque section, l’échelle de visualisation utilisée était comprise dans l’intervalle 1 : 3500 et 1 : 5000. Cet intervalle permet une vue globale de la section. Les points servants à la délimitation des polygones ont été placés à des intervalles réguliers d’environ 30 mètres. Finalement, des chevauchements entre les polygones des sections ont été réalisés pour permettre une fusion de ceux-ci. La fusion des différentes sections va permettre d’obtenir une couche vectorielle unique représentant le lit majeur.

1.1.4 Validation et ajustement de la limite du lit majeur. Comme la délimitation du lit majeur est principalement basée sur le jugement de l’interprète, un processus rigoureux de validation a été mis en place. Dans un premier temps, l’extension Profile Tool de QGIS a été utilisée. Cet outil permet de tracer des coupes transversales sur un MNT et ainsi obtenir un profil du terrain. Ces coupes transversales ont été réalisées tout au long de la rivière, à un intervalle maximal de 300 mètres. Des coupes additionnelles ont été ajoutées dans les secteurs où les ruptures de pente étaient moins flagrantes. Au besoin, la limite du lit majeur a été corrigée. Ensuite, les orthophotos de 2018 d’une résolution de 20cm ont été utilisées pour valider la limite. En effet, la haute résolution de ces images permet d’identifier la présence de traces d’inondation. Par exemple, la présence de laisses de crues. Finalement, des zones d’incertitude ont été identifiées et une campagne terrain a été faite pour valider ces incertitudes. Lors de la campagne, plusieurs indicateurs ont pu être observés pour identifier la limite du lit majeur comme : une analyse du relief; la variation dans la végétation; l’âge des bâtiments présent dans la limite ainsi que la présence de dépôts sédimentaires. Un système GPS a été utilisé pour identifier la limite du lit majeur sur le terrain. Les coordonnées obtenues ont pu être utilisées pour ajuster la vectorisation de cette limite.